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                                                              Jean LESBORDES

                                                          Sa vie est un combat

Guy Poznanski

 

De mai 1968 à mai 1992, cela fait vingt-quatre ans que Jean Lesbordes se bat contre l'adversité. Un autre entraîneur aurait déjà baissé pavillon en plusieurs occasions, Pas lui ! La passion l'emporte toujours sur la raison,

 

De mai 1968, il se souvient. Il a commencé à entraîner son premier cheval de course le jour où d'autres fêtaient à leur manière la fête du travail. L'armée venait de le libérer. Il n'avait que ses vingt-deux ans pour bagage et dans la tête, l’ambition de réussir au plus haut niveau. C'était à Niort. Un ami de son père lui offrait l'opportunité de mettre en pratique ce qu'il avait appris a Maisons-Laffitte chez Pierre et René Pelat avant d'être incorporé.Le 25 du même mois et de la même année, une pouliche au nom prédestiné de La Vida lui remporta la Grande Course de Haies de Bordeaux des 3 Ans. Elle débutait en obstacle, lui, dans le métier. C'était la première victoire de Jean Lesbordes. Les autres, il ne les a jamais comptabilisées... Il ne doit d'ailleurs pas beaucoup aimer les chiffres. Le challenge du plus grand nombre ne le concerne pas.

 

Son but a toujours été de remporter les plus belles courses.

 

La vie allait être pour lui un perpétuel combat. Elle allait lui apprendre que rien n'est jamais acquis, que tout peut être remis en question du jour au lendemain. Une vie a son image, la casquette le matin et le chapeau l'après midi, toujours inclinés du même côté, Une vie de haute, une vie de bas, une vie de passionné.

Il reste deux ans a Niort. L'ami de son père réduit ses activités. De Niort, il va à Toulouse où, pendant un an, il prend en charge les vingt cinq chevaux d'un même propriétaire, Celui-ci, qui dirige un laboratoire, s'intéresse de trop près au traitement des purs-sangs, Jean Lesbordes a déjà son idée précises sur la question. La collaboration entre les deux hommes tourne court.

 

Après Toulouse, Pau, Il s'installe en octobre 1971. En poche, une licence toute fraîche d'entraîneur public, dans ses boxes, deux chevaux, et dans le berceau, une petite Ena qui vient de naître. Il y reste une quinzaine d’années : dix ans da vaches maigres et cinq ans pendant lesquels Il évolue à un bon niveau dans le centre palois, mais pas toujours avec du veau gras au menu.

 

Pau devient trop exiguë. Son principal propriétaire, Georges Blizniansky, lui fait miroiter Chantilly. Il hésita, mais se laisse forcer la main. " Ma vie c'est le cheval et Chantilly, c'est la Mecque du pur-sang. Pour moi, c'était une promotion et l'aboutissement d'un rêve qui me semblait irréalisable, " Et aussi l'occasion de vérifier si l'estime qu’il porte à Boyatino et Trebrook est fondée.

 

                                         Passion contre faillite

 

Il arrive à Lamorlaye en octobre 1987. Avec vingt purs-sangs appartenant à Georges Blizniansky. Comme Il obtient immédiatement de bons résultats, il se retrouve à la tête d'une écurie de soixante quinze chevaux au bout d'un an.

 

                                       « Malheureusement ! »

 

Commence alors une série de péripéties qui n’a toujours pu trouvé son épilogue aujourd'hui. C'est tout d’abord Moufid Dabaghi qui retire son effectif du jour au lendemain : trente boxes vides, treize employés à licencier. Quatre mois plus tard, Georges Blizniansky liquide tout. «Dans la position dans laquelle je me trouvai, financièrement à cette époque, j'aurais du arrêter, en toute logique, »

 

Mais la passion qui l’habite n'a que faire de la logique. Il continue, paie quelques dettes quand il gagne une course. En 1989, s'ouvre la perspective d'un nouveau client japonais. Masahiko Sawada rachète Collins, Chedani et quelques autres. L'année suivante, son propriétaire investit aux ventes de Deauville dans les yearlings : une douzaine au total pour un montant de 12 millions de francs. Mais au début de l'année 1991, il «explose ». Une faillite monstrueuse !

 

Retour è la case départ après avoir effleuré du doigt son but, le top dans les deux disciplines. A Auteuil, Collins avait fait plier un genou A Katko. A Longchamp, Bayolidaan s'était classé troisième de l'Arc. En Angleterre, Jean Lesbordes était à deux pas de la reine tandis Que Trebrook disputait la Gold Cup d'Ascot.

 

Pourtant, il y a encore quelques mois, il ne savait pas s'il allait pouvoir 'solliciter le renouvellement de sa licence.

Après les Japonais, les Chinois. Première opération, il se bat pour faire racheter par David Tsui les chevaux de Sawada. Deuxième opération, il se bat pour les garder. Il se bat contre l'adversité, il se bat pour montrer que les achats d'août 1990, notamment ceux de Take Risks, Adieu au Roi et Urban Sea, étaient justifiés.

 

                                    Quand tout va bien, tout va mal

 

Et comme toujours, quand tout va bien, tout va mal. Collins se tue le 22 mars è Auteuil sur une simple haie, Collins, c'était Jean Lesbordes, c'était sa vie, sa passion. C'était celui qui portait les couleurs de son destin depuis qu'il était arrivé à Chantilly, successivement celles de Georges Blizniansky, Masahiko Sawada et David Tsui. Et aucun des turfistes présents ce jour-là n'oubliera l'image de l'entraîneur se penchant sur son cheval, les yeux noyés de larmes, le visage ravagé par la douleur. « Avec lui, j’avais un rapport qui allait au-delà de tout entendement que l'on peut avoir avec un animal. J'ai toujours su qu'un tel sauteur ne pouvait se tromper qu'une seule fois. Et ce jour-là, je suis arrivé sur l'hippodrome avec une telle appréhension.... » Le vendredi suivant, le frère d'Aubisque, un 4 ans, inédit, que Jean Lesbordes estimait beaucoup, se fracture l'épaule è l'entraînement, l'issue est sans appel. Un an plus tôt, Hors-Jeu, un autre grand d'Auteuil, s'était accidenté mortellement dans le box de son vétérinaire...Le lendemain de la disparition de Collins. il a fallu se lever pour s'occuper des autres chevaux.

« C’était dur. Mais c'était dur aussi, â mes débuts, quand j'étais au bas de l’échelle et que j'en ai perdu deux la même semaine alors que je n'en avais que cinq à l'entraînement. Ça vous apprend la vie. »

 

                                             La vie...

 

Le lendemain, il a fallu aussi l'après-midi aller aux courses à Maisons-Laffitte, le chapeau un peu plus incliné que d'habitude, en signe de deuil. Et assister â la victoire d'Adieu au Roi, un autre cheval au nom en forme de symbole. Quand tout va mal, tout va bien. Il faut alors savourer le succès.Il y aura le Jockey-Club dans quelques jours, et .I "Arc de Triomphe (son rêve) dans quelques mois. Il ne baissera pas les bras avant d'atteindre le but qu'il s'est fixé, il y a bientôt un quart de siècle. Jamais, sans doute, car il a placé la barre très haut.

 

Pour lui, réussir au plus haut niveau, c'est remporter toutes les grandes épreuves internationales. Qu’importe les difficultés, les embûches et les dettes. Il a pris des risques toute sa vie et continuera d'en prendre. Il ira jusqu'au bout de sa passion. La vie. La Vida...Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et modifiez-moi. Je suis l'endroit parfait pour raconter une histoire, et pour vous présenter à vos utilisateurs.

 

La vie. La Vida...

23 avril 2014 LESBODES Jean created with Wix.com

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