

JEAN LESBORDES

Par Jean-Noël Gontier
«Paris-Turf» entretient une correspondance suivie avec ses lecteurs sur les sujets les plus divers concernant le sport hippique. La richesse de certaines lettres et notre désir de faire profiter de leur contenu les turfistes qui nous lisent assidûment nous conduisent à publier ce courrier afin qu'il devienne un véritable trait d'union entre ceux qui aiment les courses, qu'ils soient professionnels ou amateurs.
« Je gagnerai l' « Arc» ! »
M. D. de Pau a vu le CI GA Prix. De l'Arc de Triomphe sur l'hippodrome de Mont-de-Marsan et, comme nous le savons, Jean Lesbordes, l'entraîneur de la gagnante Urban Sea, est un (1 régional. M, D. nous conte comment il a vécu ce grand moment. Sa lettre peut être titrée :
« Message d'un petit propriétaire de province à un entraîneur devenu grand à Paris. »
« Quelle joie, quels remerciements au ciel en ce jour du 3 octobre plus que pluvieux, sur l'hippodrome de Mont-de-Marsan, lorsque la casaque jaune et violette de Urban Sea a passé le poteau de ce 71. « Arc ». Que l'on me pardonne si, à cet, instant, mes pensées n'allaient pas à cette brave jument, ni à son propriétaire, ni au gentil Eric Saint-Martin mais à Monsieur Jean. Que de chemin parcouru depuis une partie de tennis entre non classés à Gelos lors de laquelle il me lança : « Un jour je gagnerai l' « Arc ». » Je souriais, me disant l'espoir fait vivre. Et l'espoir, toujours devant la télévision de la Société des Courses de Mont-de-Marsan, j'y avais cru, il y a cinq ans, lorsque Boyatino prit la tête à l'entrée de la ligne droite. Je fus déçu, malgré mes cris d'encouragement qui me firent passer pour un excité. Mais là , en,.ce dernier dimanche, par terrain lourd, j'y ai cru encore lorsque, à mi-ligne droite cette brave Urban Sea décida de faire d'une simple phrase prononcée il y a douze ans, « Un jour, je gagnerai l'Arc», une vérité. Que M. Larrieu père me pardonne pour les coups reçus lors de la ligne droite, je poussais, je poussais, je voulais la victoire pour Monsieur Jean, récompense d'un homme de cheval. S'il me reconnaît, qu'il sache toute mon amitié. »
Voilà un joli témoignage de sympathie.
C'est vrai, lorsqu'un homme de votre région réussit à Paris, on en ressent une légitime fierté. Bravo à M. D. d'avoir su si bien l'exprimer.
Jean « mange» son chapeau Clément coupe ses cheveux !
Jean-Noël GONTIER
DEVINEZ qui a passé le plus sale quart d'heure de sa vie, hier à Longchamp ? Eh bien, nous allons vous le confier : c'est le chapeau de Jean Lesbordes, trituré, malaxé, mordu ? (Peut-être), Un après-midi d'enfer pour un objet certainement plus habitué aux ambiances feutrées... Jean n'est pas un grand calme, mais plutôt un grand sympathique, genre pelote de nerfs. Alors, lorsque la tension monte, lorsque notre homme se met à nourrir quelque espoir de remporter le CIGA Arc de Triomphe grâce à la chouchoute de son écurie, Urban Sea, élevée par Michel Henochsberg et achetée I pour quelque 280.000 francs yearling aux ventes de Deauville, il faut que la pression s'évacue et l'exutoire, c'est le chapeau. Il trinque. Et nous aussi, à la santé du vainqueur.
Clément Lesbordes, c'est le fils, vingt ans ces jours derniers et un look d’enfer : mini lunettes rondes à verres roses et queue de cheval blonde. A quelques mètres du podium, il est ému aux larmes : « Je n'ai plus de voix. On' a gagné un pari incroyable et ce soir je dois tenir une promesse : je me coupe les cheveux. » Clément, c'est le jockey du matin d'Urban Sea et son émotion est d'autant plus forte qu'il tient la fille de Miswaki pour une véritable Cendrillon : « Elle n'est pas belle, pas grosse, elle a des boulets fragiles et souffre parfois d'arthrite. Mais elle a un cœur gros comme elle»
Que tout cela est agréable, qu'il est bon de côtoyer des gens vivant pleinement leur bonheur, sans retenue et qui prennent le temps de vous le faire partager. Aujourd'hui Jean Lesbordes avait un partant et il a gagné; mais ce partant-là n'était pas un simple numéro de la troisième cour d'un entraîneur sachant à peine le nombre de ses pensionnaires. C'était tout simplement le bon cheval d'un petit entraîneur habile et consciencieux comme il en existe d'autres, entraîneurs de chevaux mais pas de propriétaires. Bravo Jean, ce succès nous ravit et un tel exemple peut redonner du moral à ceux qui tirent le diable par la queue.
Et puis, il faut bien le dire, votre victoire sur les anglais nous a aidé à surmonter le syndrome de Mers-El-Kébir.
23 avril 2014 LESBODES Jean created with Wix.com